Neuro-Nutrition

Maladies neuro-dégénératives, c’est quoi? cela se soigne?

Une maladie neuro-dégénérative, en gros, c’est une maladie qui s’attaque aux principales cellules de notre système nerveux, les neurones. Le problème, c’est que les neurones, on en fabrique plein quand on est petit, mais une fois adulte, on n’en fabrique presque plus. Donc, les dommages aux neurones, c’est comme les dommages aux cellules musculaires du coeur dans un infarctus: une fois que c’est cassé, cela ne se répare pas, peu, ou mal. Bref, les maladies neuro-dégénératives, c’est irréversible, en tout cas dans l’état actuel de la science et de la médecine (même si certaines pistes de recherches ouvrent des perspectives à long terme).

Alors bien sûr, l’auto-destruction d’un cerveau, c’est vraiment le scénario cauchemardesque auquel personne ne veut penser. D’ailleurs, dans beaucoup de maladies neuro-dégénératives, le malade lui-même n’y pense pas, ou n’y pense plus, dès un certain stade d’atteinte de ses fonctions cognitives supérieures: on appelle cela anosognosie, symptôme très fréquemment rencontré en particulier dans les pathologies qui touchent les lobes frontaux comme les DLFT ou certaines formes de maladie d’Alzheimer [1]. Ce symptôme complique énormément le diagnostic car le malade ne voit pas l’utilité de consulter, et quand il consulte, il ne pense pas à signaler certaines difficultés de plus en plus souvent rencontrées dans sa vie professionnelle (pour les plus jeunes) ou dans son quotidien. Pour les proches aidants, c’est la fameuse période du « revenez dans six mois », formule rituelle typique d’au revoir au cabinet ou à la consultation mémoire d’un neurologue… Pas de diagnostic. Pas d’ordonnance. Mais le malade, lui, il est bizarre. De plus en plus bizarre, dans certaines formes de maladies qui évoluent plus ou moins rapidement. C’est la traversée du désert, entre doutes (est-ce que je psychote? et si c’était moi le problème, pas lui/elle? d’ailleurs, il/elle ne manque pas de me le reprocher!) et déni (il/elle va mieux aujourd’hui, pas de souci, tout va revenir comme avant!). Cette période, sans mots et encore moins de solutions à mettre sur des maux encore invisibles ou peu visibles au-delà du cercle le plus proche du malade, peut être particulièrement stressante voire traumatisante pour les proches en première ligne. Cela peut entraîner des symptômes réactionnels chez le proche aidant à son tour: anxiété, insomnie, dépression (bon là, ouf, sur un cerveau bien fonctionnel, le médecin traitant trouvera des solutions pour aider l’aidant à tenir le coup. Mais cela ne traite pas la cause…).

Alors bien sûr, si on peut prévenir, voire ralentir ou stopper la progression de ces maladies neuro-dégénératives, c’est mieux… et là, les sciences médicales actuelles ont quand même un peu plus de données à nous proposer, ouf! Sans surprise, cela commence par les mêmes recommandations que celles de la prévention cardio-vasculaire pour un vieillissement réussi: manger mieux (régime méditérranéen riche en polyphénols d’autant plus efficace s’il est en place dés le milieu de vie ou même avant [2], et plus particulièrement sa variante MIND [3] – on y reviendra sur ce blog) et bouger plus! mais aussi… méditer (*). Mieux encore, ces recommandations s’appliquent aussi à la psycho-nutrition, branche de la neuro-nutrition dont les proches aidants ont bien besoin pour tenir le coup psychologiquement tout au long de leur pénible chemin de deuil blanc.

(*) Petit apparté là-dessus: en prévention Jekkos, on se permet de rêver à un petit élixir de jouvence pour les neurones, cela s’appelle le BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor – facteur neurotrophique dérivé du cerveau). Dans la recherche en neurosciences actuelle, on en utilise par exemple pour faire pousser des organoïdes cérébraux en éprouvette. Cela ne se trouve pas en petite gélule magique chez votre pharmacien par contre, et il faut y mettre un peu du sien pour le dériver du cerveau… pour augmenter son taux de BDNF circulant, l’idéal est d’être pleinement vivant, avec de l’exercice physique [4], et/ou être pleinement conscient [5], en pratiquant des postures corporelles en conscience (yoga, arts martiaux tels que qi-gong ou tai-chi) ou de la méditation en pleine conscience. Allez, on s’y met?

——-

Avertissement: Note écrite sur la base de connaissances disponibles le 9 septembre 2025. Les données scientifiques évoluent rapidement : certaines informations pourront être mises à jour.

——-

Pour approfondir, références des sources scientifiques et médicales citées dans cette note (NB: dans la veille scientifique Jekkos, nous privilégions les méta-analyses dans la mesure du possible pour leur niveau de preuve plus élevé – dans tous les cas, n’hésitez pas à nous contacter si vous trouvez des sources plus pertinentes ou plus récentes):

[1] Tondelli M, Galli C, Vinceti G, Fiondella L, Salemme S, Carbone C, Molinari MA, Chiari A, Zamboni G. Anosognosia in Early- and Late-Onset Dementia and Its Association With Neuropsychiatric Symptoms. Front Psychiatry. 2021 May 13;12:658934. doi: 10.3389/fpsyt.2021.658934. PMID: 34054615; PMCID: PMC8155545. En libre accès sur pubmed ici.

[2] Gardener H, Caunca MR. Mediterranean Diet in Preventing Neurodegenerative Diseases. Curr Nutr Rep. 2018 Mar;7(1):10-20. doi: 10.1007/s13668-018-0222-5. PMID: 29892785; PMCID: PMC7212497. En libre accès sur pubmed ici

[3] van den Brink AC, Brouwer-Brolsma EM, Berendsen AAM, van de Rest O. The Mediterranean, Dietary Approaches to Stop Hypertension (DASH), and Mediterranean-DASH Intervention for Neurodegenerative Delay (MIND) Diets Are Associated with Less Cognitive Decline and a Lower Risk of Alzheimer’s Disease-A Review. Adv Nutr. 2019 Nov 1;10(6):1040-1065. doi: 10.1093/advances/nmz054. PMID: 31209456; PMCID: PMC6855954. En libre accès sur pubmed ici

[4] Szuhany KL, Bugatti M, Otto MW. A meta-analytic review of the effects of exercise on brain-derived neurotrophic factor. J Psychiatr Res. 2015 Jan;60:56-64. doi: 10.1016/j.jpsychires.2014.10.003. Epub 2014 Oct 12. PMID: 25455510; PMCID: PMC4314337. En libre accès sur pubmed ici.

[5] Gomutbutra P, Yingchankul N, Chattipakorn N, Chattipakorn S, Srisurapanont M. The Effect of Mindfulness-Based Intervention on Brain-Derived Neurotrophic Factor (BDNF): A Systematic Review and Meta-Analysis of Controlled Trials. Front Psychol. 2020 Sep 15;11:2209. doi: 10.3389/fpsyg.2020.02209. PMID: 33041891; PMCID: PMC7522212. En libre accès sur pubmed ici.